Le 23e Salon de la Carte Géographique Ancienne, présente une petite exposition de cartes marines et monstres marins.
Les portulans représentent l’espace maritime, sont dessinés sur parchemin et sillonnés d’un enchevêtrement de lignes de vents appelés rhumbs qui rayonnent à partir de roses des vents. Ce canevas de lignes sert de base à la cartographie. La carte-portulan qui est à l’origine une représentation des rivages et une localisation des ports s’étend ensuite à d’autres horizons maritimes, au grand large, au monde entier. On peut citer quelques portulans célèbres conservés à la BnF tels la Carte pisane, l’Atlas catalan, le Portulan, dit « de Christophe Colomb ».
Souvent spectaculaires, ces cartes rehaussées de couleurs et d’or, sont ornées de personnages, d’animaux, d’armoiries, de roses des vents, de navires… elles sont associées à l’image des grands aventuriers qui s’engagèrent sur l’Océan pour découvrir le monde.
Poussés par le goût de l'aventure, des conquêtes ou l'attrait de la fortune, les navigateurs européens consacrèrent plusieurs siècles à l'exploration des mers du globe. Les cartes nautiques anciennes qui sont parvenues jusqu'à nous gardent l'empreinte des périples héroïques, des empires politiques et commerciaux et de l'avancée de la science nautique.
L'invention de la caravelle portugaise et l’évolution des instruments de navigation (compas, cadran solaire, nocturlabe, sonde...) en sont l’illustration et aboutissent à l'apparition des cartes de longitude.
Avec la course aux épices (concurrence entre Espagnols et Portugais) et la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb (Amerigo Vespucci est cependant le premier à parler d'un Nouveau Monde et c’est à lui que le nouveau continent doit son nom) mais aussi grâce à la redécouverte de la « Géographie » de Ptolémée et à l’imprimerie qui propage les nouvelles découvertes (ses foyers furent les pays rhénans, l'Italie, puis la Flandre qui s'illustrèrent brillamment dans la gravure des cartes et la publication des atlas, dominée par le grand Mercator), les marines européennes de la Renaissance se taillent des empires et se partagent le monde.
En 1584, Lucas Waghenaer, cartographe et navigateur néerlandais du Siècle d'or, publie son Spieghel der Zeevaerdt (Miroir de la navigation). C’est le premier routier associant étroitement, pour chaque portion de côte figurée, instructions nautiques, profils de côte et cartes marines. Il connait dès sa première publication en hollandais (1584) un succès considérable. Sur le frontispice de l'atlas sont réunis les principaux instruments de navigation en usage sur les navires hollandais : quadrant, astrolabe, arbalète, sablier, sonde et les deux compas.
Au XVIIe siècle, les Hollandais avec la VOC, vont étendre leur hégémonie sur la presque totalité des mers. La VOC (Compagnie néerlandaise des Indes orientales) devient rapidement un État dans l'État et inaugure aux Indes une nouvelle politique coloniale, échangeant jusqu'à la Chine et au Japon. Les voyages de découvertes hollandais les amènent finalement jusqu'à la découverte de l'Australie.
Le XVIIIe siècle est le siècle des voyages scientifiques. Les équipages des grands voyages comportent désormais des astronomes, des physiciens, des naturalistes, des peintres, des dessinateurs... L'invention du chronomètre de marine permet une meilleure estimation des longitudes, pendant que les Compagnies des Indes, l'anglaise comme la française, constituent, sur le modèle de leurs prédécesseurs hollandais, des bureaux hydrographiques. Les voyages de Bougainville, Cook et La Pérouse dans le Pacifique tentent, pour leur part, de percer le secret de la terre australe.
En France, Colbert est à l'origine d'une première centralisation des archives de la marine, encore bien artisanale, car confiée à un seul homme qui garde les cartes à son domicile. En 1720 est officiellement fondé le « Dépôt général des cartes et plans, journaux et mémoires concernant la navigation ». Ce Dépôt devient, en 1886, le Service hydrographique et océanographique de la marine.
Le Dépôt développe assez tôt une activité éditoriale, publiant et vendant cartes et atlas de sa fabrication, intitulés Neptunes ou Pilotes.
Le premier ouvrage de ce genre en France est le Neptune français qui, en 1693, présente pour la première fois une vision des côtes françaises géométriquement exacte. En 1756, Bellin commence de publier les recueils de l'Hydrographie française puis, en 1764, son célèbre Petit Atlas maritime. Ces publications valent à la France un grand rayonnement. À titre de comparaison, il faut attendre le début du XIXe siècle pour voir l'amirauté britannique imprimer sa première carte.
Beautemps-Beaupré (1766-1854) est certainement l'hydrographe le plus remarquable du Dépôt, où il entre dès l'âge de dix-sept ans. Suivant son exemple, les ingénieurs effectuent désormais des reconnaissances et lèvent sur les lieux les cartes qu'ils se bornaient auparavant à dessiner dans leur bureau parisien.
Lors du voyage d'Entrecasteaux à la recherche de Lapérouse (1791-1796), Beautemps-Beaupré met au point de nouvelles méthodes de levés, en effectuant des mesures d'angles au moyen du cercle à réflexion et en les reportant aussitôt sur des vues de côtes prises sur le vif. Ses principes, exposés dans un ouvrage qu'il publie à son retour, sont bientôt adoptés par toutes les marines.
Monstres marins
voir l'exposition virtuelle de la BnF : Le peuple de la mer : monstres et divinités :
https://expositions.bnf.fr/lamer/pedago/pdf/fiche_monstre.pdf
Le « Vtelif »
La Cosmographie universelle d’André Thevet… illustrée de diverses figures des choses plus remarquables vues par l’auteur. André Thevet, 1575
BNF, Cartes et Plans, Ge DD 1397, f. 147 v°